Sur Voiles Sportive TNZ cite cet article de Daniel Charles dans Course au Large.....:
Des rumeurs alarmantes courent depuis des mois : la voile pourrait être expulsée des Jeux Olympiques. Non seulement elle serait trop incompréhensible, mais encore son exigence d'un bon plan d'eau, généralement loin des autres compétitions, réduirait encore son impact médiatique. L'exclusion des Jeux serait pour l'ISAF comme pour chacune des Fédérations nationales un cataclysme financier. Eh bien, ce cataclysme, je le souhaite de tout mon coeur. La voile, j'en suis convaincu, doit sortir des Jeux Olympiques qui ne font que lui nuire.
Certes, les liens entre la voile et les Jeux remontent à loin. La voile est apparue pour la première fois aux JO de Paris en 1900, bien avant le hockey (1908), le pentathlon (1912), le basket (1936), le judo (1960). Les JO ont eu sur la voile une influence importante. En 1912, l'usage exclusif de séries de Jauge Internationale renforça le poids de l'IYRU (futures ISAF). Les JO de 1920 virent l'introduction du premier monotype, ceux de 1928 (les premiers ouverts aux femmes) la première médaille d'or féminine (Virginie Hériot), les Jeux de 1948 provoquèrent l'invention des sangles de rappel et ceux de 1952 couronnèrent les mâts non haubanés avec le Finn.
Cependant, l'évolution de ces dernières années est tellement néfaste qu'elle empoisonne, à mon avis, l'ensemble de notre sport.
Regardons les choses en face. Les voiles des JO sont à la voile en général ce que Paris Hilton est aux jeunes filles de 26 ans : fort peu représentatives ! Dans un sport ou l'endurance joue un rôle si prédominant, se limiter à de courtes régates diurnes équivaudrait, en course à pieds, à supprimer le marathon.
Dans un sport ou les décisions techniques sont si capitales, se limiter à des monotypes revient à se couper du choix de matériel, un vecteur d'excellence fondamental. Dans un sport où abondent les unités de grandes tailles menées en équipe, se limiter à des séries inférieures à sept mètres avec pas plus de trois équipiers est une mascarade. Bon sang ! Que dirait-on si, lors des Jeux, le football ne se disputait qu'en équipes de trois, sur un terrain grand comme quelques places de parking ? On hurlerait, et qu'attendons-nous pour faire de même ?
Entendons-nous bien : il ne s?agit pas de disputer aux dériveurs et petits quillards le droit d?être présents aux JO. C?est leur exclusive qui est insupportable. Cette exclusivité présente au grand public une image fausse et incomplète de la voile : notre vitrine ?les JO- ne représente qu?une portion minime de ce que l?on trouve à l?intérieur ?en fait, elle ne représente que ce que l?on appelait au XIXèmes siècle « model yachting » (qui englobait des voiliers jusqu?à 7-8 mètres sans cabine). Elle ne représente qu?une activité en perte de vitesse dans tous les pays développés ?le dériveur- et une autre qui n?a plus de vitesse du tout ?le quillard. Dans le cercle étroit de la voile légère, elle n?est même pas représentative, puisque les catamarans de sport, représentant environ la moitié des ventes, ne sont représentés que par une seule série, le Tornado (trente ans cette année).
Une autorité de la FFV me dit qu?il faut des engins d?exception pour former des élites, et que tout ça n?est pas grave. Si, c?est très grave, justement. Sitôt que les JO forment (et déforment) l?image de notre sport, présenter une image où même les pratiquants ne se reconnaissent pas ne peut que transformer cette machine à vendre la voile en machine à perdre des adhérents ?au rythme de 6 à 8% l?an (-55% en dix an !), selon l?ISAF elle-même.
Ce n?est pas tout, hélas. Les subventions étatiques sont proportionnelles aux médailles obtenues. Dès lors, s?illustrer aux Jeux devient une affaire d?argent. Non seulement investit-on lourdement dans la voile légère, quitte à en favoriser un peu le développement, mais encore nous retrouvons-nous avec des fonctionnaires du sport qui forment un groupe d?intérêts, une clique toute puissance formatée pour penser « médailles » et rien d?autres ! (un triste exemple fut, récemment, l?incapacité de l?ISAF à organiser dignement, en dépit d?un financement existant d?1M, le centenaire des compétitions internationales).
Les JO en voile gagneraient à avoir des Moths à hydrofoils, des Figaros II, des régates par équipes sur parcours courts?
Cependant, pour chambouler sérieusement le format actuel, il faudrait que changent les mentalités comme les objectifs. Ce changement indispensable ne peut être provoqué que par une grande remise à zéro, à savoir : sortir des JO.
Daniel Charles (magazine Course Au Large N°25, août - septembre 2007).
Un joli coup de pied dans la fourmilière non?.....
