JO London 2012 !

Cédric F wrote: Para ou non, les résultats sont les mêmes. Les causes aussi.

Pour revenir sur l'interview de Gouard, difficile de répondre sans avoir lu les choses mais le connaissant un peu, il ne dit pas autre chose que les gens de la natation. Reste que dans la voile on n'a clairement pas encore fait notre mue et que c'est lui qui était aux manettes. On en reste au discours quand la natation et d'autres sports ont mis en pratique ce discours du travail, de l'effort, des minimas pour que les athlètes aient vraiment faim.

Cédric F wrote: Le sport c'est un magnifique objet de sociologie, un fait social total. Cela se passe comme dans la société : on a une politique du sport très "état providence" en France quand, aujourd'hui, il faudrait libéraliser cela un peu, renforcer la compétitivité etc... Des sports l'ont déjà fait en France, d'autre moins. A mon avis la voile est entre les deux, à la frontière. Elle sera bien obligée d'évoluer vues les restrictions budgétaires qui se préparent.

100% d'accord . Mais là va falloir renoncer définitivement à désigner les sélectionnés. Et pas seulement car seul le marché fait loi... (doctrine libérale thumbsup; )

D'abord car désigner les sportifs, sur le plan d'une logique de responsabilité (libérale) n'est possible que si les sélectionneurs et responsables (ceux qui répondent...) lient leur sort à celui des sportifs, comme au foot, rugby etc.... après tout, non ?
Il n'y a effectivement qu'en France où les perdants rejouent (particulièrement en politique c'est une spécificité bien hexagonale) et là je te rejoins on est pas assez sanglant.
Largement en-deça d'une logique impitoyable d'entreprise privée libérale.

Ensuite car l'on voit ce principe d'incertitude la décision repose sur un comité/homme , bouffe une énergie folle pour in fine retenir effectivement ceux qui sont devant (si j'ai faux me le dire, je peux avoir raté un cas).

Pas le choix, avec moins de pépètes, il faut donc accepter que des teams avec des fonds privés montent au créneau (Groupama/Cammas en cata déjà), s'affrontent et s'affutent sur le world tour ou l'european sailing tour. Ce qui sera possible si et seulement si il existe une règle claire pour savoir qui gagne le ticket. L'élaboration de cette règle (préO, mondial, Hyères...) et la préparation finale relève de la fédé.

Une alternative est que l'on considère les circuits comme les véritables objectifs sportifs et de retour économique pour le gentil sponsor/mécène.

Après tout pour des sportifs qui travaillent (des pros quoi dans un système libéral) le champion de France en Foot est sur une saison, pas seulement une session de tirs au but et le vrai Champion de F1 n'est pas celui qui gagne seulement le GP de Monaco.

Les JO sont alors une option, un bonus des années bissextiles (Bontemps, les gars du 470 et les filles du match-race ne sont pas devenus moisis en perdant UNE régate), jeux nécessaires pour les contrats d'objectifs de la fédé avec l'Etat justement et le 1/4 d'heure Warholien dans le pire des cas pour des heureux impétrants.
Quoique, les sportifs sur les plateaux TV (à part Loïc Peyron) ne sont pas à l'aise.

La fédé est alors plus dans un rôle d'arbitre, facilitateur, qu'unique écurie reconnue.
Imaginons l'équipe de France de Hand sans les clubs pros (système libéral).
Ce qui n'empêche pas la fédé d'avoir sa propre team, cependant "cum inter pares".

Travailler chaque jour pour un team privé avec un objectif sportif mensuel/trimestriel/annuel (comme une entreprise très libérale) est l'antithèse de l'Etat providence. CQFD.

La fédé est prête pour ça ?

Mesmaks wrote: Si la compétitivité n’existe pas en sport, faut pas pousser. Elle est partout, d’en bas, à en haut..
Restriction budgétaire et ogre médiatique : voilà un beau sujet. Donc on peut supposer que les budgets diminuant, la pub va augmenter pour avoir des soussous. Déjà que les sportifs se prennent pour des stars, ça ne va pas aller en s’arrangeant. Je ne connais pas le fonctionnement dans les autres pays, mais en France, nos sportifs sont des « êtres d’exception » bénéficiant de « statut d’exception », bref où est la combativité ? On peut être de toutes les exceptions, si on ne marque pas de points, on est dernier.. si on vit sa vie à travers celle des autres, on est dernier.
Quand on voit comment tout le monde est baba devant le SPECTACLE de la compétition aux JO Handicapés… C’est pathétique.
(sinon:relire Bouveresse&Yonnet )

Yonnet celui de Jeux Modes et Masses ? Faut que je le relise, il y a plus de 25 ans, ce bouquin m'avait épaté plus par la synthèse de l'histoire du jazz et des modes que pour l'analyse sur le sport. cela ne nous rajeuni pas ma brave dame

La 4ème de couv. est (heureusement) plus prétentieuse que le contenu. Sociologue d'action j'adore.



PS: en fait je mets la photo car j'ai peur que Mesmaks m'accuse de wikipédisme aigu

Pour revenir sur le message de FTT :
- oui c'était bien Philippe Gouard qui était aux manettes : il était DTN ET sélectionneur des équipes de France. Il ne rendait des comptes qu'au Président. C'est là où il faudrait sans doute revenir à un système où le sélectionneur des équipes de France est différent du DTN pour éviter que ce dernier ne soit pris dans une logique qui l'amène à ne se focaliser que sur le haut niveau olympique et à être un peu coupé des autres départements. C'est le modèle le plus classique aujourd'hui dans les fédérations. Je ne pense pas par contre qu'il faille revenir à un système avec DTN/Directeur des équipes de France et comité de sélection (le modèle 2000-2008). Avoir un sélectionneur unique est une bonne chose à mon avis mais le sélectionneur ne peut être le DTN. En même temps pour parvenir à cela, peut être fallait-il passer par cette phase où le DTN était aussi le sélectionneur.

Le sélectionneur responsable avec son sort lié à celui des sportifs ? Bah c'est justement ce qui se passe : je vois mal aujourd'hui le sélectionneur/DTN pouvoir continuer avec les résultats des JO. Autant il ne faut pas non plus cracher dans la soupe et le livrer à la vindicte des licenciés, pratiquants etc mais il s'est lui même mis dans la position de devoir assumer un échec en cumulant la DTN et le poste de sélectionneur des équipes de France olympiques. On ne reprochera pas au DTN/sélectionneur d'avoir essayé cela et d'avoir assumer les risques. C'est une grosse évolution quand même.

Après, on peut toujours trouver un responsable, en l'occurrence le sélectionneur, je pense que sur les choix qu'il a fait dans sa sélection il n'a pas fait d'erreur. Les meilleurs français étaient au JO et le mode de sélection basés sur du non mathématiques a prouvé ses bienfaits. Le problème est sans doute plus profond et lié à l'ensemble du système "trop facilitant" comme il semble le dire. Il faut être plus exigeant avec les athlètes, plus restrictif sur l'accès aux moyens équipe de France, imposer des minimas etc, bref moins les choyer, les protéger. Et de ce point de vue là, même s'il y a eu des évolutions durant cette olympiade (le cas de Rohart sorti de l'équipe de France à un moment donné), cela n'est pas allé encore assez loin.

L'arrivée de team privé ? Oui ok mais aujourd'hui rien ne s'oppose à cela. Cammas va le faire ? Oui sans doute. Après la sélection des équipes de France doit rester de la compétence de la Fédération. C'est le cas dans tous les sports. Être plus libéral, moins protéger les athlètes, mettre plus d'exigence etc, n'impose pas que la Fédé renonce à sélectionner ses équipes de France.

Soyons bien clair: il n'y a rien contre les hommes.
Gouard, pas plus que contre Fountaine, Devaux, Salou en leur temps, n'ont fait autre chose que de faire vivre un système.
La permanence de combats de tranchées pour le pouvoir au Kremlin alors que l'Union Soviétique s'effondrait est moins importante que la chute du mur elle-même.
C'est le changement de système qui importe, le nouveau logiciel.

L'exemple que j'ai pris: la natation est celui du modèle du XXIème siècle.
Des cellules actives (des sportifs, et l'énergie de clubs et de furieux comme Pellerin et Lucas) qui fonctionnent en réseaux souples.

Il faut bien sur un cadre, car la compétition est rude, c'est alors effectivement à la fédé d'établir des règles de sélection à l'avance et être garant de celles-ci via le sélectionneur.

La fédé doit constater et appliquer, pas sélectionner. C'est le sportif, son entraîneur, les moyens, le jeu de la régate et les règles qui décident de la sélection et de la réussite ou non à l'issue de celle-ci.

C'est ça l'approche libérale, l'antithèse de l'oukaze et du plan quinquennal pour le bonheur des peuples.