Fireball, rencontre

Comme je le disais dans un autre sujet, j'ai profité du salon pour rencontrer les représentants de certaines associations de classe de la voile légère traditionnelle.
Concernant les Fireball, j'ai discuté avec trois personnes de la classe samedi matin en engageant la discussion sur l'intérêt de naviguer en Fireball.
J'ai été très bien accueilli et la discussion a été des plus courtoises. Je leur ai demandé quel était le profil des adeptes de ce bateau. D'après leurs réponses la classe est en fort renouvellement avec notamment beaucoup de jeunes qui vers trente ans reviennent faire du dériveur qu'ils avaient abandonné au début de leurs études. Espérant sans doute me convaincre de venir naviguer sur ce bateau, ils m'expliquent à quel point la série est dynamique, permet de faire des régates presque tous les week-ends et insitent sur la bonne ambiance qui règnent dans leur série et l'esprit de convivialité. Je leur demande ensuite ce qu'ils pensent des skiffs et des nouveaux dériveurs en leur annonçant que je navigue dessus et là, blocage. Comme si j'avais prononcé un mot tabou. La discussion reste courtoise en dépis d'un léger blocage. Les arguments de défense se mettent en place. A la question de savoir s'ils pensent que des bateaux comme le Laser 4000, l'ISO... se développeront, leur réponse est sans appel : "non". ils mettent en avant le fait que ces bateaux sont trop techniques, physiques et contraignant en terme de logistique (ils insistent notamment sur le poids). Autre argument, les skiffs n'apportent rien de plus en terme de vitesse. Ils concèdent qu'éventuellement ces bateaux vont plus vite mais uniquement à certaines allures très typées. Au près un Fireball est devant un Laser 4000 ou un ISO (je comparais avec ces deux bateaux qui me semblent comparables) selon eux. Quand je leur fait part que en terme d'ergonomie de simplicité, les nouveaux dériveurs apportent quelque chose, je me vois opposer une fin de non recevoir. La comparaison avec les quillards est à ce titre intéressante : du Class 8 on est passé au Melges 24, en France on reste au Fireball ou au 470...
Le prix des bateaux revient également sans cesse avec notamment l'incapacité de trouver des bateaux d'occasion. C'est un vrai problème certes mais nous savons ici qu'il est surmontable puisque certains d'entre-nous ont acheté en GB ou fait venir de GB des bateaux à des prix très intéressants.
Bref rien à faire, les blocages sont là, les discours et les arguments rodés de leur part.

Même son de cloche de mon côté.
J'ai discuté avec des représentants des classes 5o5 et (parce qu'il en avait été
question récemment sur ce forum) Finn...
Je suis d'accord avec Cédric: courtois, oui, mais bloqués. J'ai eu droit aux mêmes
"arguments".

Côté constructeurs, j'ai discuté avec les gens de Philéas et ceux de Laser.
Chez Philéas, on ne prévoit tout au plus qu'un relookage du Philéas à partir du moule existant; rien de neuf. La raison invoquée, c'est que ce marché est overbooké et que ceux qui veulent du skiff pointu trouveront ce qu'il leur faut "chez la concurrence"!!! Au niveau dériveurs, ils se cantonnent dans le marché des Ecoles de Voile, et du loisir: surtout, ne pas faire peur! Pour le reste, quillards de sport, et catas avec Hobbie Cat.

Chez Laser, j'ai demandé pourquoi il n'y avait pas de 4000/5000 sur le stand. Réponse: parce que les gens n'achètent pas ces bateaux! Eh oui, ça a le mérite d'être clair...

Tout ça était assez déprimant...

Pas tout à fait vrai pour le 4OOO. Nico a ammené un 4OOO, mais n'a pus le placer sur le stand faute de place suffisante.
Le SB3 est le bateau phare le gamme en ce moment...

Je pense aussi que le côté usine à bout du Fire et du cinquo, loin de rebuter, attire les pratiquants post-trentenaire comme les décrits Cedric...

Me trompe-je?

A la limite c'est plutôt vers des supports comme l'i14, qu'ils pourraient se tourner à cause de la jauge à restriction...

Mais on revient là à un autre débat déjà largement évoqué...

t'as quoi contre les usines à bout ?

T'va t'en prendre une toi ! :-*

Pas contre du tout!!! Au contraire (normal vu mon âge!!)

Je pense aussi que le côté usine à bout du Fire et du cinquo, loin de rebuter, attire les pratiquants post-trentenaire comme les décrits Cedric...

Me trompe-je?

Je peux en tout cas te dire qu'en ce qui me concerne, c'est exactement le contraire! Je suis un post-trentenaire, comme tu dis, et j'ai largement passé l'âge de régater (en tout cas en compet). Je ne vois donc pas du tout l'intérêt de m'emm... avec des dizaines de bouts dans le cockpit.

Par contre, pour le bouffeur d'écoute, ça se justifie: plus il y a de bouts, plus il y a de possibilités de réglage.

Il y a quand même un truc que j'arrive pas à piger.
La pub de Phileas, c'est "le dériveur à spi asymétrique le plus diffusé en France" - à propos du Déclic, je pense.
Et ma discussion avec Bruno Hervouët au salon confirme qu'ils visent principalement le marché des Ecoles.
J'ai déjà posté un truc sur le fait qu'en Belgique, la principale filière de formation était également passée sur Déclic.
Qu'est-ce que ça peut avoir comme effet sur le moyen et long terme, ça? Est-ce qu'un jeune qui a fait son écolage sur un Déclic (ou un 29er au Glénans, ou encore un Buzz) et qui veut faire de la voile de compétition, va accepter de revenir sagement dans la filière 420/470/etc ???

Faut dire qu'il a pas vraiment le choix....

Il n'a effectivement pas le choix ! Cependant, il faut bien voir que la clientèle des écoles de voile est essentiellement tournée vers le loisir et qu'il s'agit d'une population de vacanciers dont peu achèteront un bateau ou alors pour l'été. Ceux qui font de la compétion ne sont pas en école de voile mais en école de sport, nuance.

Ah! Il y a effectivement des écoles de sports en Belgique, mais autant que je sache, elles ne forment absolument pas à la voile. Désolé pour cette confusion :-[

Les voileux sont sectaires... ou pour le moi ancrés dans leurs habitudes.
Moi même dans mon jeune temps (à l'époque la Yole OK était le dériveur junior officiel. Si, si, on doit encore pouvoir trouver des tablettes d'argile pour le prouver)
Enfin bref, Je navigais en Yole OK et tous les yolistes regardaient les Lasers de haut, ces bailles qui remontent au vent comme la fumée!
le passage sur Laser m'a montré que si les bords de près étaient considérablement plus longs, les bords de largue eux s'étaient beaucoup raccourcis. et la bouée de largue faisait tout à coup beaucoup moins peur :
Du bon et du mauvais, et surtout des régates à 150 bateaux. :-*
Il m'a tout de même fallut un an pour devenir un Laseriste et quitter le statut de Yoliste.

Ma thèse est que pour les séries typées comme le 505, le fireball, le Finn où l'équipage s'est adapté et fini par prendre plaisir même dans les difficultés de la série, il est très difficile de se remettre en cause, de changer ses automatismes et d'apprécier la nouveauté à sa juste valeur.
La seule possibilité pour les convaincre, c'est véritablement de se montrer et de leur faire envie, de leur montrer tout le plaisir qui est à prendre sur les skiffs.

En plus là Cédric, tu t'est attaqué au noyau dur des séries: ceux qui veulent convaincre que leur bateau est le meilleur! Si tu réussit, il ne te restera que bien peu de chalenges: la conversion du pape à l'Islam, faire d G. W. Bush un fervent défenseur de la non violence...

Alors, YAPUKA naviguer pour les faire rêver!

Je ne voudrais pas passer pour un évangélisateur (du prêtre missionnaire je n'aime que le missionaire, oups pardon) et jamais je n'essaierai de convertir, mais il y a quand même un manque de curiosité dans la voile légère française qui fait peur... Tout le monde reconnait que le Melges est quand même une sacrée évolution par rapport à un class 8 ou un J 24 par contre un nouveau dériveur est limite considéré comme une régression, ce qui parfois me donne envie de faire la révolution... Il faut vivre avec son temps et prendre le temps de vivre : le cycle est ainsi fait ! Et la vie c'est à un moment donné la fin pour ne pas dire la mort... Daniel Charles dans un remarquable article (vive la Belgique) citait une phrase de je ne sais plus quel auteur : "là ou je m'arrête je cours à ma perte". Les pratiquants des séries traditionnelles ferraient bien de la méditer. Daniel Charles voyait dans cet adage, l'explication du déclin de la voile légère francophone dans les années 80, alors que pendant le même temps les séries anglosaxonnes du skiff apportait un vent nouveau.

ok ok ok

Je lis régulièrement sur le forum que les différences de vitesses
cinko, fireball (FD pourquoi pas)
versus
skiff

ne sont pas si grandes que ca ,

vous me le confirmez ?
ou bien ne s'agit il que d'un reflexe d'auto défense ?

Effectivement si passer de mon FD à un skiff de me permet pas de speeder plus ... à quoi bon quitter ma vieille coque en bois verni ...

à vos plumes !!

Quel skiff, à quelle allure, et par quelle force de vent???

Il faut bien comprendre que les skiffs se sont développés durant les 60 dernières années, précisément parce qu'une bande d'allumés Australiens et Néo-Zélandais voulaient aller beaucoup plus vite sur l'eau, que ce qu'il était possible de faire avec les plans traditionnels sur lesquels sont basés les dériveurs que tu cites. Pas "un peu" plus vite: beaucoup plus vite.
Il serait ridicule de prétendre qu'ils n'ont pas réussi! Même un bateau relativement ancien (1975) comme le Tasar est capable, dans certaines conditions, d'exploser les meilleurs dériveurs traditionnels - cinquo compris. Et pourtant, il ne possède ni spi ni trapèze!

Quand je dis "aller plus vite sur l'eau", il faut comprendre: "sur un parcours triangulaire". Si ce qui t'intéresse, c'est de faire des run à 50 noeuds, il vaut mieux passer à la PAV et creuser un fossé bien perpendiculaire à l'axe du vent. Même un bon F18 risque fort d'être devant au reaching. Mais pas sur un parcours triangulaire.
On a même vu des 18' flanquer une raclée à un catamaran de 40'... Même au près. Ca calme.
Juste pour dire que pour aller vite, le skiffs vont vite.

Ceci dit, les skiffs, comme tous les bateaux, sont basés sur un parti-pris architectural, et ça veut dire: concessions. Une coque planante, c'est fait pour planer, et quand ça ne plane pas, ça traîne à priori plus d'eau qu'une coque en tulipe comme celle du 5o5 ou qu'un flotteur de catamaran. Donc, par tout petit temps, le 5o5 risque d'être le premier à la marque.

Pourquoi abandonner ta vieille coque en bois? Il n'y a que toi qui peux répondre à cette question! Pour plus de fun et plus de glisse, peut-être?

Effectivement si passer de mon FD à un skiff de me permet pas de speeder plus ... à quoi bon quitter ma vieille coque en bois verni ...

Combien pèse ton FD?
Combien de km de bouts à bord?

Jean-Michel, c'est marrant tu parles du Tasar et personne ne connait ce bateau en France. J'ai un copain qui en a un et m'avait demandé ce que c'était exactement. A l'époque je ne connaissais pas mais il parait que ça marche assez bien.
Sinon mes nouveaux amis du Fireball vont nous faire une petite réponse à ce sujet puisque quand je suis allé les voir samedi, ils m'ont sorti une version papier de ce sujet. Ils paufinent leurs arguments. Ils ont réagi avec beaucoup d'humour. Il y a une convivialité chez eux qui se rapproche de la convivialité des skiffeurs.

Le Tasar a été conçu par Frank Bethwaite pour permettre a des équipages mixtes de naviguer de manière compétitive. Voir www.tasar.org
Ce bateau a fait un véritable malheur dans les pays anglo-saxons (surtout N-Z en en Australie).
Moi je n'en n'ai vu qu'un seul, en Hollande; le proprio était un anglais en vacances.

Dans la brise, le Tasar marche plutôt bien, oui... très bien, même! Dans le petit temps, par contre, c'est pas trop ça.

On reparlera du Tasar un de ces jours - je n'en dis pas plus pour l'instant.

Effectivement je connaissais pour avoir parcouru le site bethwaite design.
Ca a l'air d'être correct.

Aurais tu dans l'idée d'acheter ca pour tes gamins : ?

Aurais tu dans l'idée d'acheter ca pour tes gamins : ?

Rien à faire; il n'y a ni trap ni spi, et ça, c'est redhibitoire .
...mais peut-être pour mes (très) vieux jours ?
Note: là, au moins, il y a un coffre pour embarquer la bibine!