Comment vous fonctionnez ?

Salut à tous,
Cela fait quelques temps que je me ballade sur votre forum mais je n’ai pas trouvé les règles qui régissent votre « championnat » (participation, classement, rating…).
Je m’y interesse non pas tant pour participer mais parce que du coté suisse du jura, nous avons mis un place un championnat qui pourrait s’apparenter au BSP même si nous acceptons tous les dériveurs. Ce championnat n’a que deux saisons derrière lui et il est encore perfectible. Je serais aussi intéréssé de connaître les raisons ou les motivations de chacun à se déplacer sur certains plans d’eau et pas sur d’autres. Vos avis et vos expériences m’interessent diablement car en tant que président du Club de Régate de la Gruyère ( www.swiss-sailing.ch/crg )qui organise une des manches du championnat, je cherche toujours la formule miracle fera que les concurrents viendrons nombreux et surtout repartirons heureux.
A bientot
Eric

Notre organisation est qu'il n'y a pas d'organisation.

On est un peu gaulois dans notre manière de procéder.

Chacun apporte sa pierre à l'édifice dans la mesure de ses moyens.

Bon bref aprés je laisse Cedric te répondre...

Comment on fonctionne ? J'ai presque oublié... Et je n'ai aucune leçon à donner à personne en la matière et ce que nous avons fait avec breizhskiff est surtout très lié au contexte français
Au départ, il y a un constat sur la difficulté de régater avec suffisamment de bateaux en France alors que de nombreux skiffs avaient été vendus. Il fallait comprendre pourquoi. Il y avait deux possibilités : soit les gens utilisaient leur bateaux pour le loisir pur et dur soit ils n'étaient pas au courant de la possibilité de faire des régates.
Les clubs, mis à part certains historiques ne jouaient pas le jeu et je ne parle même pas des différents constructeurs qui se faisaient la guerre.
Solution : il fallait, sans créer aucune structure associative ou autre, replacer les propriétaires de ces bateaux au centre du débat, les faire se rencontrer et créer ainsi une dynamique de groupe voire même identitaire ou communautaire (oui je sais cela fait peur). C'est bien joli aussi d'organiser des événements, régates ou entrainements, mais passé celui-ci les gens n'ont généralement plus guère de contacts...
Dès lors, le vecteur de communication internet s'imposait de lui même parce qu'il est facile d'utilisation et parce qu'il repose par essence sur cette logique identitaire et interactive. Qui plus, par quelques actions ciblés, il était facile de fire connaître breizhskiff et d'attirer des gens dessus. Encore fallait-il qu'ils restent, qu'ils participent aux régates et achètent des bateaux éventuellement... C'est là où un gros travail a été fait pendant six mois pour lancer les forums, les développer et leur donner une ligne éditoriale qui correspondent à ce que nous voulions faire et qui soit succeptible d'accrocher un public... Le skiff, c'est bien, la voile légère aussi, la course au large égalemen,i mais on n'a pas que cela dans notre vie, d'où la rubrique "5secondes". Certains diront que c'est du vent, mais il y a eu gros travail éditorial pour que les forums deviennent ce qu'ils sont devenus. En plus, nous avons été les premiers en France à nous positionner de la sorte et à avoir des forums qui marchent, à créer une dynamique. Ces forums ont aussi attirer rapidment des personnalités en tous genre qui ont renforcé ces forums et permis de développer cette communauté. Les événements réels (régates, entraînements, apéro salon...) devenaient dès lors beaucoup plus attirants et plus concrêts du fait de la communication virtuelle qui existaient sur les forums. Les événements devenaient plus faciles à organiser du fait d'un début de petite notoriété auprès des clubs, des membres dynamiques proposaient des choses sans tomber dans les lourdeurs administratives et les problèmes d'ego inhérents aux associations. Bref sans refaire l'histoire, la magnifier ou quoique ce soit, il fallait tout simplement créer du lien et un concept lui même issu du diagnostic qui consitait à répondre à la question de savoir pourquoi pendant longtemps il n'y avait que trois quatre bateaux sur les lignes de départ. Il fallait aussi comprendre qui étaient les gens qui naviguaient sur ce genre de bateaux et quelles étaient leurs attentes : en l'occurence plutôt des gens actifs, d'un certain niveau intellectuel et social, des gens pour qui la voile est une passion mais pour qui elle n'est pas tout. Il y aurait plein d'autres choses à dire mais l'esprit est là je crois.
Après l'organisation pratique était une question de bon sens : des régates conviviales à des endroits où nous étions certains d'avoir un maximum de monde... Après même si ayant parfois des problèmes avec le club dont je suis membre du comité directeur avec ce sujet (on m'accuse de jouer contre mon club), je reste persuadé que les clubs de voile en France doivent se comporter comme des prestataires de services et répondre à la demande de pratiquants. Ce n'est plus à eux de proposer : ils doivent faire ce qu'on leur demande, s'adapter à une clientèle et proposer le produit, l'événement qui correspondra à ce que sont les gens qui font la demande. Et ce changement de posture intellectuelle n'est pas facile partout, certains clubs le font mieux que d'autres. On le voit très bien sur les Eurocups de séries anglaises : certains clubs ont du mal à comprendre que les Anglais se déplacent en famille pour leur vacances et donc qu'au delà de la régate, il faut leur garantir d'autres choses.

Maintenant loi de moi de me complaire dans une satisfaction : ça marche de mieux en mieux mais il reste beaucoup de choses à faire pour avoir encore plus de bateaux... Et puis, je ne sais pas si en Suisse vous avez beaucoup de choses à prendre chez nous... Depuis le temps qu'on me parle du Lac de Joux par exemple...
Au risque de choquer également, je ne suis pas certain que l'interséries totale soit aussi la panacée : les gens qui naviguent sur des dériveurs traditionnels ne sont pas forcément les mêmes et n'ont pas forcément les mêmes attentes que les skiffeurs...

Enfin, pour ce qui est du classement, enjeu de folle discussions sur ces forums, ils doivent être la déclinaison du concept et dans la logique de ce que l'on veut faire... Une cohérence globale. Le système est expliqué dans la pagé régate concernant le premier Trophée breizhskiff, il y a trois ans.

A plus

Superbe !!!!!!

Je n'ai lu que le début et la fin, mais j'applaudis le post le plus long de breizhskiff

Bon bref aprés je laisse Cedric te répondre...

Vous comprenez ce que les ... signifiaient Cedric tu as été digne de ta réputation. Bon j'ai pas encore tout lu mai sje promet je m'y mettrai cet hiver.

Je n'ai lu que le début et la fin, mais j'applaudis le post le plus long de breizhskiff

Ouh là, on a certainement déjà vu plus long de la part de Cédric....

Merci Cédric pour l’ensemble des ces précisions.
Notre démarche est similaire en ce sens qu’elle a pour but de regrouper des régatiers isolés et qui ne sont pas intégrées dans les structures Suisses actuelles que sont les séries et leurs championnats respectifs. Ces gens ne sont pas intégrés soit parce qu’ils naviguent sur des bateaux qui ne sont pas assez nombreux pour être représentés soit parce que leurs activités en marge de la voile ne leurs permettent pas de participer à la vie d’une série.
Nous avons donc créé un championnat géographiquement limité pour éviter les gros déplacements et tenter ainsi de fidéliser les participants. En ce sens, nous avons réussi puisque ce sont toujours les mêmes que nous retrouvons sur nos régates. Mais c’est justement là que le bât blesse, ce sont les mêmes mais ils ne sont pas très nombreux et il suffirait de quelques défections pour que tout l’édifice tombe en poussière. Alors on cherche, on tâtonne et on tente de trouver des moyens de motiver plus de monde. On tâtonne sur le format des régates (un jour ou un week-end…), on hésite sur le format des courses (long parcours ou banane…), on a mis en place un « challenge des clubs » pour essayer de créer un esprit d’équipe. Et je suis sûr que nous trouverons encore d’autres idées originales pour dynamiser le mouvement. La difficulté majeure à mon avis est de mettre en place des choses qui correspondent aux attentes des participants et plus les participants viennent d’horizons différents et plus la difficulté est grande. Bien sûr il y a les skiffs et les dériveurs classiques mais il y a aussi les catas. Et puis il y a les jeunes et les moins jeunes, ceux qui ont de la thune et ceux qui en ont moins, ceux qui ont du temps et ceux qui courent toujours, ceux qui doivent jongler avec une famille et ceux qui dépriment d’être seuls, ceux qui, ceux qui…..
Alors évidemment lorsque l’on organise une régate on voudrait quelque chose de bien avec plein de participants et la meilleure façon de faire est d’être effectivement un prestataire de service mais pour cela il faut un mandant. Et lorsque le mandant est un composé de dizaines de personnes avec des idées aussi variés sur la prestation désirée, c’est pas facile. Alors je me baguenaude de forum en forum, de site en site pour essayer de définir quel peut être le mandat et qui sont les mandants.
On peut cibler très étroit, le mandat sera clair mais on sera tout seul, ou cibler plus large au risque de ne plaire à personne. En ciblant l’inter série totale nous avons pris un gros risque mais nous y étions obligés par le fait de vouloir rester sur la région.
Il est clair que faire courir l’un contre l’autre un 18 pieds et un Laser Radial a quelque chose d’aberrant mais nous cherchions aussi à les faire courir ENSEMBLES. Si un jour nous avons assez de participants, nous pourrons séparer la flotte en deux ou trois comme nous l’avons déjà fait avec les catas mais il me semble important que ces gens se retrouvent en un même lieu afin de partager leurs passions et leurs expériences. Pour cela, il est clair qu’il ne suffit pas de mettre en place des parcours sur l’eau mais qu’il faut aussi que l’accueil soit convivial et que les gens se sentent chez eux. Là encore, les attentes ne sont pas les mêmes pour tous entre un cadre plutôt nature ou un club house avec tout le confort…
Dans le cadre de l’Open de la Gruyère, nous avons pour le moment choisi l’originalité avec, le samedi, une course contre la montre qui fait passer les concurrents dans des coins tordus de notre lac mais en introduisant une part de stratégie dans le choix du moment du départ. Puis le dimanche, une course à durée fixe (3 heures, dans le genre des 4H de Carnac ou des 6H de Damgan) qui présente l’intérêt d’être à peu près la seule course de ce format en Suisse. Le tout dans un cadre sur lequel nous n’avons que peu d’influence : un lac pas très grand mais dans un superbe paysage de montagnes. Pour le moment les concurrents sont contents et reviennent mais je suis toujours curieux de connaître les attentes d’autres concurrents et les expériences d’autres organisateurs.
En cela BSP est une formidable plateforme d’échanges ou se mêlent sérieux et dérision, infos et intox.
Tu ne m’a pas répondu par contre sur les ratings que vous utilisez, sujet d’autant plus délicat que les bateaux sont très disparates. Nous avons optés pour 2005, et la FFV l’a fait aussi juste après nous, pour les ratings anglais et il me semble que le résultat était assez satisfaisant et paraît donner des chances à tous les bateaux.
Quand au classement, nous utilisons une équation simple : ((Nombre de bateaux battus + 1) / (nombre de bateaux classés)) * 100. Ce système doit en principe distribuer les points de manière équitable pour une régate de 100 participants ou pour une régate de 20 seulement.
Voilà, j’en ai fini avec ma dissertation, j’ai failli être aussi prolixe que toi, je vais continuer à participer au forum BSP, je ne crois pas que vous y gagnerez grand-chose mais j’espère en retirer des enseignements utiles.
Et puis si un jour l’un ou l’autre d’entre vous passe dans la région, il sera toujours le bienvenu pour naviguer, régater ou boire une bière.
Eric

je vais continuer à participer au forum BSP, je ne crois pas que vous y gagnerez grand-chose mais j’espère en retirer des enseignements utiles.

Détrompe toi on y gagne tous quelque chose.
Ce que vous avez monté en Suisse est trés bien si il n'est pas évident de comparer, on a aussi beaucoup de chose à apprendre de ce qui se fait autour de nous.

Effectivement, on a tous à y gagner à échanger et à confronter nos idées. Nous autres Français devons le faire en évitant d'ailleurs de donner des leçons au reste du monde comme nous le faisons très souvent. Vous n'avez pas à rougir de ce que vous faites en Suisse et dont Bertrand et Patrick nous ont parlé, nous n'avons pas non plus à trop nous réjouir de ce que nous avons fait avec breizhskiff beaucoup reste à faire...
Pour rebondir sur ce que tu disais :
Concernant les ratings : nous utilisons ceux de la FFV qui a enfin repris ceux des Anglais. Cela ne me semble pas discutable même si je pense qu'il serait souhaitable à très long terme d'essayer d'avoir nos propres ratings...
Je pense qu'il vaut mieux faire peu de régates dans l'année (une par mois) mais sur au moins un week-end voire trois jours quand c'est possible. Les gens hésitent moins à se déplacer.
Sur des séries comme les nôtres qui ne rentrent pas en France dans le cadre des filières fédérales et qui rassemblent des profils comme ceux que j'évoquais plus haut, je pense qu'il faut privilégier la qualité de l'événement sur le prix... Il me semble nécessaire que les clubs fassent un maximum d'efforts pour enlever aux concurrents potentiels tous les emmerdes que sont les formalités administratives et la logistique (logement bouffe...). De ce point de vue nos régates de cette année au Lac du Der et à Noirmoutiers où tout était compris ont été des réussites en terme de convivialité. Et c'est sur ce point qu'il y a encore beaucoup de choses à faire pour les clubs... Quand je viens sur une régate qui est pour moi un loisir et un moyen de couper avec le stress de la vie quotidienne, je n'ai pas envie de faire la bouffe et de passer du temps à chercher un camping, un appartement, un logement... A mon avis les clubs doivent proposer des solutions de ce point de vue là. Autre point à développer : les accompagnants, la famille... Soit ils ne viennent pas et finissent par en avoir marre de voir leur père ou leur conjoint se barrer un week-end : on rentre alors dans une logique de négociation toujours serrée. Soit ils viennent et sont souvent déçus de regarder des gens naviguer. Cela a les mêmes conséquences que dans l'autre cas. Bref, je pense qu'il faut proposer des activités aux accompagnants. Je n'ai pas toutes les solutions mais il y a forcément quelque chose à creuser de ce point de vue là !
Sur les formats de régate : la banane sera satisfaisante pour les régatiers purs et durs mais moins pour les autres (souvent la majorité d'ailleurs). Alors oui le parcours côtier, ou le raid sont nécessaires... Mais c'est toujours difficile à organiser. A Carnac pour l'Eurocat, mais le succès de la Formule 18 s'explique aussi de ce point vue là, le raid est ce qui plait le plus... Les gens viennent faire l'Eurocat pour aller à Houat ou dnas le golfe du Morbihan, pour le raid. C'est statistiquement très clair... Maintenant, il ne faut pas tomber dans les excès : le raid est vecteur de succès parce qu'il est rare et dans des endroits sympas. Globalement, je pense que le format de la régate a moins d'importance que la convivialité autour.
Voilà quelques éléments qui me sont venus en te lisant.