Gautier arrête la course au large

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20 years 3 months ago #26031 by Cédric F
Ci après le communiqué de l'équipe de Gautier.

Questions à Alain Gautier


On a toujours dit que la voile était un sport que l’on pouvait faire à haut niveau pendant longtemps. Vous n’avez que 42 ans, pourquoi arrêtez-vous si tôt ?

Comme dans tous les sports, le moteur principal est la motivation. Il ne faut pas attendre qu’elle s’essouffle pour s’arrêter. Même si le choix peut paraître difficile, il est logique. C’est pour cette raison que j’avais inclus une clause à la signature du contrat avec FONCIA, clause me permettant de ne plus être le skipper du trimaran FONCIA avant le terme de ce contrat signé pour huit ans (2000 à 2007). Je ne veux pas prendre le départ d’une transat par obligation « matérielle ». J’ai envie de rester amoureux de la mer comme je l’ai été durant ces 25 saisons de courses en solitaire.


N’y a t il pas autre chose ?

Vous savez, la vie représente un ensemble d’éléments, d’événements sur mer comme à terre. Aujourd’hui, j’aspire à passer du temps avec ceux que j’aime. Quand je vois la vitesse à laquelle grandissent mes enfants, je me dis que je n’ai pas envie de louper leur évolution.


Votre superbe résultat dans la Solitaire du Figaro Afflelou 2003 ne vous a-t-il pas donné ce coup de boost qu’il faut après quelques grosses déceptions ?

Cette décision d’arrêter m’a traversé l’esprit après le chavirage lors du Challenge Mondial Assistance 2003. Mais je ne suis pas homme à prendre de telles décisions à chaud et j’ai insisté auprès de FONCIA pour participer à la Solitaire. Les sensations que j’en ai retirées étaient si intenses qu’elles m’ont donné raison d’avoir pris cette décision. Petits bateaux monotypes, petits problèmes pour des sensations superbes. J’aime cette course et je la referai sûrement car, quand je dis stop à la course au large, je ne mets pas la Solitaire dans le même panier. Ce n’est pas une vraie course au large, en tous les cas pas à mes yeux. Alors le résultat 2003 m’a bien rassuré. La joie et la satisfaction d’une victoire d’étapes sont uniques, l’énorme déception de l’arrivée a vite disparu car je savais que la seconde place n’allait pas perturber ma carrière.




Les multicoques ORMA sont-ils trop usants en solitaire ?

Paradoxalement, ce sont les courses en équipage que je trouve moins exaltantes. Pour l’avenir, je ne me voyais pas participer à ces épreuves avec la même motivation qui m’a animé jusqu’à présent. Je suis un solitaire, j’aime énormément ces courses, dernièrement j’ai pris beaucoup de plaisir, malgré le froid et la difficulté lors de The transat.

Je peux même vous dire qu’au cours de ma réflexion, j’ai eu des discussions avec un grand skipper qui avait le problème un peu inverse au mien. Nous avons évoqué une association. Il ferait les courses en équipage, nous ferions la Transat Jacques Vabre ensemble et je courrais les transats en solo. Mais le gros projet sur lequel il travaillait ne lui aurait pas laissé assez de temps.


Vous voulez dire que l’on aurait pu voir le trimaran FONCIA co-skippé par Loïck Peyron et Alain Gautier ?

Oui.


« Si le projet de Loïck Peyron n’était pas encore stoppé », cela veut dire que votre décision n’est pas récente ?

J’ai informé les dirigeants de FONCIA début décembre 2003, au retour de la dernière Transat Jacques Vabre. J’ai d’ailleurs commencé les discussions avec d’éventuels remplaçants dès cette période.


Le manque de résultats avec le nouveau FONCIA n’a-t il pas pesé dans votre décision ? Vous êtes un battant, vous bagarrer pour la sixième place ne doit pas vous amuser plus que ça ?

C’est vrai que les résultats obtenus avec FONCIA 2 ne sont pas à la hauteur de nos espérances. Je ne peux pas tout expliquer. Cela dit, deux causes majeures en tout cas se sont additionnées et expliquent ce bilan mitigé : un manque de réussite -c’est une donnée à ne jamais négliger dans la compétition- et un bateau qui n’a pu exprimer toutes ses potentialités, pénalisé par le surpoids lié aux modifications post-Route du Rhum 2002.

A la conception puis à la construction, plusieurs options techniques, certaines il est vrai audacieuses, se sont révélées discutables. Mises bout à bout, elles ont contraint la performance. La supervision de l’ensemble du chantier m’incombait et je suis responsable, au bout du compte, autant des choix heureux que des options moins fructueuses. J’ai évidemment été déçu de n’être pas parvenu immédiatement à une conception optimale du bateau. Il faut bien reconnaître aujourd’hui que les trimarans de soixante pieds sont arrivés à un tel degré de sophistication technologique que certains choix sont de l’ordre de l’expérimentation, et qu’il est quasiment impossible de trouver d’emblée les meilleures voies d’évolution. Face à cette réalité, la confiance d’un sponsor prend tout son prix et FONCIA m’a permis d’améliorer, entre la fin de cette saison et le début de la prochaine, le FONCIA 2. Enfin, il faut bien reconnaître qu’être tout à la fois propriétaire du bateau, manager de l’équipe et skipper peut à certains moments rendre la tâche particulièrement lourde.


Lorsque l’on regarde votre palmarès, (3 tours du monde dont 1 victoire dans le Vendée Globe 1993, 20 traversées de l’Atlantique dont 5 en solitaire, 15 participations à la Solitaire du Figaro dont 9 victoires d’étape et 1 victoire au classement général en 1989, 1 participation sur la Transat AG2R, qui se solde par 1 victoire, et j’en oublie), vous n’êtes certes pas à plaindre ; mais n’avez-vous pas quelques frustrations par rapport à certaines victoires manquées : la Route du Rhum 98 ou le Championnat ORMA 2001 ?

A une période, un sponsor m’avait demandé quel trophée il pourrait mettre sur pied pour récompenser le meilleur marin de l’époque. Après réflexion, je lui avais parlé d’un grand chelem possible pour récompenser le meilleur navigateur solitaire.

Le premier à accumuler une victoire dans une Solitaire du Figaro, un tour du monde en solo, une transat en trimaran toujours en solo. Je trouvais que celui qui réussirait ce chelem pouvait en être fier car ces trois victoires dans des courses différentes reflétaient un gros talent et un sens marin hors du commun. Alors je me suis mis à rêver. J’avais déjà la Solitaire du Figaro et le tour du monde, il ne me manquait plus qu’une transat en solo. Hélas, une baleine a cassé ce rêve la veille de l’arrivée lors de la Route du Rhum 1998, la victoire n’était pas loin. En 2000, je loupe les deux derniers jours de la transat anglaise. En 2002, je pense avoir fait le plus difficile après la tempête mais le carénage du bras m’oblige à l’arrêt alors que j’ai
100 milles d’avance sur Mich Desj. Cette année, j’avais les moyens de me battre avec Thomas et Mich ; mais à ce niveau, partir trois heures derrière les autres était rédhibitoire pour envisager la victoire. Alors, oui je suis déçu de ne pas avoir remporté une transat en solo. Mich Desj a réussi à faire ce que ni Philippe Poupon ni moi n’avions réussi ; et ce de manière magistrale puisqu’il a gagné le Vendée Globe et la Route du Rhum dès sa première participation. L’égaler sera difficile mais je pense que Armel Le Cléac’h fait partie d’un petit nombre de skippers capables d’y arriver.

Quant au Championnat Orma, une victoire dans le Rhum 98 nous aurait permis de gagner le championnat. En 2001, on aurait pu faire une saison quasi parfaite, un petit manque de réussite nous a privé d’une victoire au Grand Prix de Belgique. Lors de la Transat Jacques Vabre avec Ellen, on finit à égalité de points avec Franck Cammas ; sa victoire dans cette transat en double lui donne l’avantage ! Ce sont des déceptions mais toutes ces navigations depuis 1980 m’ont tellement apporté que je n’ai pas à me plaindre.



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20 years 3 months ago #26032 by Cédric F
Vous nous parlez d’Armel Le Cléac’h comme capable d’égaler un Mich. Desj, est-ce lui qui va désormais être aux commandes de FONCIA ?

A partir de 2005, oui.







Est-ce votre choix ou celui de FONCIA ?

Pendant ces 25 années de compétition (ou lala, ça fait un peu ancien combattant mais c’est malgré tout la réalité), j’ai eu 4 grands sponsors, avec lesquels d’ailleurs j’entretiens encore d’excellentes relations mais je dois dire que la qualité de la relation avec les dirigeants de FONCIA est vraiment remarquable. C’est vraiment un plaisir de travailler ensemble grâce à un mélange de respect et de confiance réciproque, en particulier comment ne pas apprécier de disposer d’un contrat de huit années, qui vous donne de la visibilité et vous permet d’organiser votre parcours sportif et personnel ? Je mesure que FONCIA m’a donné là une délégation exceptionnelle dans l’univers nautique et d’ailleurs dans le sport en général.

J’ai vraiment été heureux de partager avec eux les cinq années déjà écoulées, et je n’ai reçu aucune pression négative de leur part pendant les moments difficiles que l’on a traversé. Pour le choix de mon remplaçant, cela s’est passé de la même manière que pour d’autres décisions, je propose différentes solutions, on en parle, on réfléchit et FONCIA prend la décision finale.


Combien de noms aviez-vous proposés ?

Trois.


Pourquoi Armel ? Vous devez lui en vouloir de vous avoir coiffé sur le fil lors de la Solitaire 2003 ?

Eh bien pas du tout, au contraire même ! C’est moi qui n’ai pas su tenir mon rang dans les douze dernières heures, et j’ai commis trop de petites erreurs dans ce laps de temps pendant qu’Armel faisait exactement ce qu’il fallait pour espérer gagner.

Je le connaissais très peu au départ de cette course mais c’est celui qui m’a le plus impressionné dans la meute des « figariste-qui-en-veulent ». Son comportement après l’arrivée a été exemplaire. Je sais que l’on ne gagne pas une Solitaire du Figaro par hasard ni même que l’on finit deuxième à sa première participation. C’est aussi pour des qualités humaines et des valeurs importantes aux yeux des dirigeants de FONCIA qu’Armel a été choisi.


Il est jeune et sans grande expérience du multicoque.

Comme l’ont montré Laurent Bourgnon, Franck Cammas ou encore Ellen MacArthur, la jeunesse n’est pas un handicap si elle est mêlée à de la détermination, du talent et de l’intelligence. Quant à l’expérience, elle s’acquiert vite quand on rassemble les qualités que je viens d’énumérer. Avant de prendre la barre de FONCIA début avril 2005, Armel aura déjà parcouru près de 10 000 milles à bord. Et avec le bateau que nous allons lui concocter cet hiver, il sera dans les favoris de la prochaine Transat Jacques Vabre. D’ailleurs, je précise qu’il ne s’est pas agi pour FONCIA et pour moi de trouver un skipper pour boucler le contrat que nous avions conclu ensemble. Nous venons de choisir celui qui nous semble capable de barrer le trimaran pendant plusieurs années, pour peu que l’alchimie prenne bien entre Armel, FONCIA et moi.



Si j’ai bien compris, vous serez le manager du projet et vous lui mettez la pression d’entrée de jeu !

Je serai effectivement le chef du projet. Quant à la pression, le surnom d’Armel, ‘le chacal’, n’est pas usurpé et je suis bien placé pour savoir que la pression ne le gêne pas beaucoup.


Je n’ai pas l’impression que le FONCIA 2 soit le bateau le plus rapide du plateau. Sera-t’ il métamorphosé pour 2005 ?

Métamorphosé est un bien grand mot ; la conception générale du bateau était saine et nous n’avons pas à remettre en question les fondamentaux. Nous nous attacherons simplement à des ajustements techniques afin de gommer les défauts constatés. Je n’ai aucun doute sur l’issue de ces améliorations, et je compte bien livrer à mon successeur à la barre du FONCIA 2, Armel Le Cléac’h, un matériel compétitif.


Quand on pense vous connaître un peu, on a du mal à concevoir que le rôle de manager suffise à assouvir vos passions. N’auriez-vous pas d’autres projets ?

Je suis déjà heureux de pouvoir continuer à gagner ma vie en faisant des choses qui me passionnent. Je suis aussi heureux d’avoir fait ce choix de ne jamais être salarié d’un sponsor.
Même si ce choix était plus dangereux, je m’estime plus libre et j’ai un outil de travail, contrairement à d’autres sportifs qui stoppent du jour au lendemain et qui se retrouvent sans réel objectif. Mais c’est vrai aussi que j’ai d’autres rêves à réaliser.


Peut-on savoir lesquels ?

Ils ne sont pas liés au milieu de la voile.


Toujours dans le sport ?

Certains oui. Quand j’étais petit, (bon c’est vrai que je ne suis toujours pas grand), j’avais deux passions : les bateaux et les petites voitures de courses. Habitant au bord de l’Océan Atlantique, il m’a été plus facile d’assouvir la première passion mais je ne désespère pas d’être un jour au départ des 24 h du Mans. Je suis conscient du travail qui m’attend mais, avec du temps, je devrais être prêt aux alentours de 2008

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20 years 3 months ago #26033 by Cédric F
Questions à Armel Le Cléac’h


Comment êtes-vous arrivé sur le projet FONCIA ?

Alain et moi nous connaissions peu avant la Solitaire Afflelou le Figaro 2003 ou seules quelques secondes nous avaient séparés. Il m’a contacté l’hiver dernier, juste avant le salon nautique. Alain m’a expliqué qu’il souhaitait raccrocher ainsi que les raisons de sa décision. Il lui incombait de proposer des noms à son sponsor et m’a dit avoir pensé à moi. En réalité j’ai été très surpris par son offre au début. Mon objectif premier était de m’aligner au départ du Vendée Globe 2008 et donc de me concentrer sur le monocoque. Et puis j’étais moi-même dans une situation délicate car je venais d’être lâché par Créaline, mon sponsor en Figaro. J’étais surtout focalisé sur la recherche d’un nouveau partenaire. Après 15 jours de réflexion j’ai accepté de faire partie de cette fameuse ‘short list’ présentée à FONCIA. Pour l’anecdote, Alain m’a appelé la veille du départ de la Transat Ag2r pour m’apprendre que j’avais été retenu.


Vous voilà très jeune à la barre d’un trimaran. Vous accédez à ce que certains pensent être la discipline reine. Quels sentiments vous inspire cette évolution sportive et personnelle ?

Je suis super motivé. Un projet est réellement intéressant quand tous les moyens sont mis en place pour atteindre les objectifs fixés. Devenir skipper de FONCIA après Alain est un gros challenge. Mais ce challenge est à la hauteur de mes ambitions et j’ai la chance que l’on me donne les outils pour bien faire - le bateau notamment va subir de grosses modifications cet hiver afin d’optimiser sa vitesse - c’est primordial pour moi.


Comment allez-vous aborder ce nouveau défi ?

Le trimaran est un bateau qui sollicite énormément sur le plan physique. Les régates sont très serrées et les différences se font pour beaucoup par l’homme. Ces machines demandent énormément de concentration. J’ai déjà prévu de faire un gros boulot de préparation physique cet hiver. Et puis je dois acquérir de l’expérience, même si entre les Grands Prix, la Transat et les convoyages j’ai navigué pas mal cette année. Si je fais le compte, j’ai déjà parcouru près de 10 000 milles ! Ce n’est pas négligeable d’autant que j’ai tourné sur des postes différents, cockpit, manœuvres ou tactique, ce qui me permet d’avoir une bonne vision d’ensemble.




Du coup je n’ai pas d’appréhensions particulières concernant les Grands Prix. La pression viendrait plutôt de courses comme la Transat Jacques Vabre ou la Route du Rhum mais cela me laisse du temps pour apprendre mes gammes en naviguant le plus possible.


Alain Gautier conserve la position de manager du projet FONCIA, quels sont vos domaines de compétences respectifs ?

Alain est responsable du projet pour tout ce qui est logistique et technique. Je serai à la barre du trimaran jusque fin 2007 et je m’occupe des aspects sportifs. J’ai donc la charge de constituer l’équipage avec lequel je vais courir en 2005 et de mettre en place un programme sportif d’entraînement cohérent pour être prêt en début de championnat.


Cela veut-il dire que vous mettez un terme à votre carrière de figariste ?

Je viens de boucler ma 5ème saison Figaro et il est clair que pour les trois ans à venir ma priorité sera le trimaran FONCIA. Mais ce n’est pas un arrêt complet, je compte être présent sur le circuit Figaro en fonction du programme du multicoque. Je possède mon propre bateau et je vais inclure des sessions d’entraînement sur Figaro à ma préparation physique. Alain et notre sponsor partagent aussi cet avis que courir une ou deux Solitaires est un excellent moyen de se préparer pour le Rhum.


Si une entreprise jette son dévolu sur un sportif, il faut qu’en retour le skipper se sente bien avec son sponsor. Qu’est-ce qui vous plaît chez FONCIA ? Pourquoi avoir signé avec ce sponsor en particulier ?

FONCIA est un partenaire fidèle et sensible au monde de la voile sportive depuis plusieurs années. C’est pour moi un des éléments essentiels d’une relation entre un skipper et son sponsor, lorsque l’on veut réussir tant au niveau résultat sportif qu’au niveau communication pour l’entreprise. L’expérience et les ambitions de FONCIA ont été décisives dans mon engagement !


Un mot sur votre vision de l’avenir du circuit des multicoques ?

Apres la Route du Rhum 2002, beaucoup de gens se sont posé la question sur l’avenir des multicoques. Depuis, les bateaux ont été modifiés, les sponsors ont répondu présents et les courses sont de plus en plus intenses. Sur les 5 épreuves courues à ce jour en 2004 sur le circuit ORMA, on dénombre 4 vainqueurs différents, ce qui démontre bien que le niveau se resserre et que l’avenir nous promet encore beaucoup de suspens et d’émotion.

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20 years 3 months ago #26034 by Cédric F
Questions à Jacky Lorenzetti, Président du Groupe FONCIA


Vous êtes le sponsor d’Alain depuis quatre ans. Comment avez-vous réagi à sa décision d’arrêter la course au large ?

Avec respect d’abord. Un sportif de haut niveau n’est pas une machine définitivement programmée, c’est un être porteur d’une histoire personnelle, passée et future. Parce que nous savions cela, nous avions voulu que le contrat qui nous lie permette à Alain de changer de rôle sans que notre accord soit compromis.

Il y a sans doute deux façons de faire du sponsoring sportif : une façon froide et une façon engagée. La première conduit à des relations d’affaires, en quelque sorte, avec le sportif qui porte vos couleurs ; on le voit comme un vecteur, sans considération pour le caractère exceptionnel de ce qu’il accomplit. J’ai choisi l’autre manière, qui consiste à comprendre la richesse de l’homme, ses valeurs, ses choix de vie, parce qu’il le mérite et parce que tous nos collaborateurs l’apprécient autant pour son humanité que pour ses compétences sportives.

Je veux saluer aussi l’honnêteté et le courage d’Alain. Avouer qu’on a changé l’ordre de ses priorités, qu’on est parvenu au bout d’une période, d’une logique, est difficile. Il y faut l’authenticité d’Alain. Lui ne s’est pas menti et ne nous a pas menti. C’est tout à son honneur de vouloir aujourd’hui se consacrer davantage à sa famille, de ne plus vouloir courir les mêmes risques, de n’avoir plus les mêmes contraintes.

Et puis, Alain ne nous abandonne pas. Il va seulement changer de cap pour devenir manager de l’équipe FONCIA. C’est dire qu’il aura un rôle déterminant au service de la notoriété et de l’image de notre entreprise.


Vous avez participé au choix d’Armel Le Cléac’h comme successeur d’Alain à la barre du FONCIA. Qu’est-ce qui vous a fait pencher pour lui ?

Alain connaissait les exigences de FONCIA mieux que quiconque lorsqu’il a choisi Armel, puisque lui-même avait dû répondre à nos critères en 2000 quand nous l’avons sélectionné parmi plusieurs options possibles.





Très clairement, le savoir-faire sportif ne suffisait pas, même si le palmarès et le talent prometteur d’Armel ont constitué à nos yeux des atouts déterminants. Nous recherchions un sportif qui incarne des valeurs conformes à celles de FONCIA, capable à cet égard de représenter celles et ceux qui y travaillent chaque jour. Ces valeurs sont la loyauté, le courage, le perfectionnisme, la simplicité, la discrétion.

Je crois qu’Armel a ces qualités au plus haut point. C’est essentiel pour FONCIA : nous ne cherchons pas prioritairement à accroître notre notoriété, nous voulons surtout préciser notre image et l’améliorer, et disposer d’un vecteur de choix pour notre communication interne. C’est dire que la personnalité d’Armel sera pour nous majeure.


Avec le départ d’Alain du circuit des multicoques, n’avez-vous pas l’impression qu’une génération de marins est en train de tourner la page ?

Pour m’impliquer personnellement dans la vie du circuit ORMA, je sais que le multicoque océanique se professionnalise. En tout cas, tous les acteurs, organisateurs, sponsors, armateurs et skippers le veulent, même s’ils sont parfois maladroits pour y parvenir. Aujourd’hui, un skipper doit être non seulement un marin d’exception mais encore un manager. Nos projets ne verraient pas le jour et ne seraient pas menés à bien sans une équipe autour du sportif, tant pour la préparation que pour la navigation et pour la communication.

Il faut dire aussi que les investissements financiers justifient un suivi de la part des entreprises engagées dans le circuit. Des relations fortes s’instaurent, aujourd’hui plus qu’avant, entre l’homme -ou la femme- et son sponsor, qui doivent être marquées par la transparence et la rigueur.

Alain a su prendre le virage de ce que j’appellerai le romantisme à ce que j’appellerai la modernité. Il est certain que la nouvelle génération, Armel ou Ellen MacArthur, pour ne citer que deux skippers que FONCIA connaît mieux, est spontanément plus à l’aise avec les nouveaux codes.

Il importe aussi néanmoins que cette génération n’oublie pas la flamme. La passion est une autre de ces valeurs auxquelles notre entreprise est attachée, au point de l’avoir inscrite dans sa signature de marque (« La passion de l’immobilier »).

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19 years 7 months ago #26039 by Cédric F
Euh les techniciens il y a eu un problème parce que c'est aujourd'hui qu'il a annoncé cela et pas en janvier : problème d'horloge sur le forum... ;)

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19 years 7 months ago #26051 by lolo
change rien, c'est la classe: 9 mois qu'on est au courant du changement !! ;D ;D

Med Skiff Project - Parceque les pingouins le valent bien

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