Les Shadocks sont orphelins

Le créateur de la série animée loufoque des »Shadoks» Jacques Rouxel est mort dimanche à l'âge de 73 ans, a annoncé lundi sa famille.
Créés en 1965, les Shadoks et les Gibis ont fait leur apparition sur les écrans français de l'ORTF fin avril 1968, quelques jours avant le début des manifestations étudiantes. Loufoques et absurdes, les Shadoks «pompaient» toute la journée pour dérouler le temps de leur étrange planète.
Ce court dessin animé de deux minutes, chef d'oeuvre de »nonsense», avait coupé la France en deux, partagée entre ceux qui criaient au génie et les autres à la bêtise.
»C'est un grand créateur qui avait un univers dans lequel il nous emmenait, qui nous faisait partager sa vision des choses», a rappelé la voix de ces drôles de personnages animés, l'acteur Claude Piéplu. Une «vision qui n'avait rien de didactique, ni de pédagogique» mais qui était «pleine de fantaisies et d'humour».
Préférant le terme de «narrateur» à celui de «voix» des Shadoks, Claude Piéplu a souligné sur France Info qu'il faisait «passer à travers le texte de Rouxel toute cette narration qui nous emmenait en voyage dans cette planète des Shadoks».
»Le texte était tout prêt, je n'avais qu'à me laisser prendre par lui et en même temps emmener les auditeurs dans ce texte qui était en lui même tout un climat, un univers dans lequel on se sentait ou dépaysé ou qui pouvait créer aussi des rejets».
Divisant les téléspectateurs français, la série a été retirée des écrans après une avalanche de lettres de protestation de téléspectateurs indignés ces bêtises. Sa programmation ne reprit qu'au mois de septembre 1968 après engagement des Shadoks d'élever le niveau intellectuel de leur dessin animé.
»Ca m'a fait marrer qu'on me demande ce que j'ai voulu dire: mon univers est celui du non-sens. S'il faut vraiment qu'une philosophie générale se dégage des Shadoks, elle toucherait la vanité de l'effort. Ce qui d'ailleurs ne veut pas dire condamnation de l'effort», avait commenté Jacques Rouxel à propos de la polémique autour de ses personnages.
»Jacques Rouxel était un dessinateur mais il avait ce don d'écriture assez personnel et très fort, une écriture forte et colorée comme ses personnages», a salué Claude Piéplu. «Merci parce qu'il leur a donné la vie, il n'est plus de cette vie, les choses vont se poursuivre avec les Shadoks qui sont toujours là».
Né le 26 février 1931 à Cherbourg, Jacques Rouxel, après un passage à l'Ecole des hautes études commerciales (HEC), débutera sa carrière dans la publicité, pour se tourner vers l'audiovisuel en 1961. C'est au cours d'expériences au service de recherche de l'ORTF qu'il créera ses drôles de bestioles. AP

:'(

Le jeu est une bonne extrapolation de l'univers des Shadocks.