Conjectures et réfutations

Je ne sais plus qui parlait l'autre jour d'épistémologie mais je m'amusais à relire ces jours ci "conjectures et réfutations" de karl Popper, un bouquin remarquable à mon avis plus intéressant que ceux de Khun. La signature de Jean-Michel m'y faisait penser ainsi que l'esprit des messages qu'il laisse Moi qui ne suis pas du tout scientifique, j'avoue avoir pris un malin plaisir à lire Conjectures et réfutations.
Et pour en revenir à l'approche scientifique appliquée à la voile, je pense qu'il faudrait aussi s'interroger sur les limites des modèles de prédiction de vitesse au regard du travail de l'architecte à moins que ce dernier ne soit plus un architecte mais un pur utilisateur de logiciel de calcul mis au point pas des scientifiques purs et durs ?

Tu parles des VPP... l'approche utilisée par la plupart des VPP disponibles sur le marché est fondamentalement empirique: ils travaillent sur des milliers d'observations et d'essais en bassins de carènes, les synthétisent, EFFECTUENT UN CHANGEMENT D'ECHELLE, et resortent avec une polaire théorique.

Ca marche... à peu près. J'ai mis le changement d'échelle en majuscule parce que c'est là que les choses coincent, en général. La non-linéarité des phénomènes physiques en jeu limite fortement la validité de ce changement d'échelle: en termes simples ( ), les résultats observés pour un modèle réduit ne sont pas linéairement transposable pour la coque réelle. Loin s'en faut. Les "meilleurs" (ou moins mauvais) VPP sont ceux qui bidouillent et corrigent plus ou moins bien a postériori les extrapolations du modèle. Mais ça tient plus de la divination que de la science :
Pour un architecte, les résultats d'un VPP ne peuvent être qu'indicatifs.

L'approche analytique pure est encore en plein développement; c'est un problème extrêmement complexe. La mécanique des fluides repose en soi sur des équations compliquées à résoudre, et dans le cas d'un voilier, c'est encore plus compliqué parce que le bateau évolue à l'interface entre deux milieux très différents: l'eau et l'air (on appelle ça le problème du couplage des modèles). De plus, un grand nombre de ces phénomène sont chaotiques (au sens mathématique du terme).
Autant dire que les logiciels de calcul purs et durs ne sont pas encore au point...

L'architecte a des choses plus importantes à faire que calculer