Où l'on reparle de Kersauson

Après un échec dans l'Oryx Cup qui a elle même été un échec retentissant, Olivier de Kersauson a établi un record du tour d'Australie avant d'établir un temps de référence jusqu'à Tahiti. Le bateau devrait aujourd'hui partir pour San Diego d'où il tentera un record du pacifique déténu par Peyron depuis quelques années. Un record abordable dit-il... Aveu d'impuissance sans doute face aux autres records qui semblent aujourd'hui hors d'atteinte de Geronimo dans sa configuration actuelle. Il a également pensé tenter de battre le record de la route du thé mais semble avoir renoncé à cause des risques de piraterie en asie du sud-est.
Il y a cependant quelque chose de captivant chez Kersauson : son voyage à Tahiti cet été, le record du Pacifique qu'il veut tenter donnent l'impression que l'homme marche sur les traces de son passé et de ses épopées avec Tabarly quand, entre 1967 et 1971, sur le Pend Duick III et le IV, ils naviguaient ensemble sur les mers du monde entre courses, records et voyage qu'on ne saurait appeler convoyages. Et comme toujours avec Kersauson, il y a ce sentiment de gachis, l'impression qu'il est souvent passé à côté de grandes victoires ou de grands records mais que finalement cela lui importe peu parce qu'il restera toujours quelque chose de l'ordre de l'émotion (qu'il sait aussi parfaitement transmettre) dans ses navigations. Kersauson, marin atypique ? En tout cas, sans doute le dernier des Mohicans d'une tribu de marins qui a été la mer, quand aujourd'hui, les coureurs au large ne vont que sur la mer et pour quelque chose. Il y a donc quelque chose de totalement désuet chez Kersauson mais qui explique qu'il reste aujourd'hui l'un des marins préférés des Français...

Kersauson [...] reste aujourd'hui l'un des marins préférés des Français...

... au même titre que le Zef et le 420 restent les références en dériveur.

François

Ci après le communiqué de l'équipe de Kersauson sur la tentative de record dans le pacifique. Après une première tentative avortée il y a quelques jours, il est reparti et pour le moment tout va bien. Le communiqué et les paroles rapportées de Kersauson sont toujours du... pur Kersauson...


Joint à 11 h 30 ce matin, Olivier de Kersauson confirmait que jusqu´ici Geronimo avait accompli une troisième journée très rapide (+ de 500 milles en 24 heures ) permettant ainsi au trimaran de Capgemini et Schneider Electric d´être en avance sur le record de la trans-pacifique (Los Angeles/Honolulu). Pour autant, rien n´est fait car la situation météorologique est incertaine.


Entre les mains du barreur
A 550 milles de l´objectif, le trimaran CapGemini/Schneider Electric marche entre 22 et 25 n½uds dans un vent très irrégulier en force et en direction. «Nous sommes dans un système orageux, le vent oscille de 30° et varie de 14 à 40 n½uds dans les grains. Nous ne faisons pas la route directe et nous espérons que la rotation du vent va s´accentuer pour nous permettre de faire le bon cap. Le système n´est pas alimenté de façon saine et ce système orageux pourrait nous contraindre à parcourir 800 milles, au lieu de 550, pour rejoindre Honolulu. Tout cela est bien fragile, nous ne sommes pas sur une autoroute paisible. Il y a peu de man½uvres, en réalité tout repose sur le doigté du barreur. Il faut beaucoup de talent pour négocier et anticiper les variations de vent et surtout la mer qui est doublement croisée. L´une vient de loin et du nord/ouest et l´autre, un clapot moche, qui nous vient de l´est/nord/est. Cam Lewis est un barreur d´exception, il a un vrai talent. Par rapport au reste de l´équipage, mis à part Didier Ragot, il fait marcher le bateau deux n½uds plus vite en moyenne. J´ai rencontré deux ou trois barreurs de ce niveau dans ma vie. En plus, il ne connaît même pas Geronimo. Il est marrant et un peu juvénile, ce qui ne gâche rien».


Emotion
Voilà plus de 30 ans qu´Olivier de Kersauson n´était pas venu naviguer sur ce parcours. « Ici comme ailleurs, les systèmes météo ont changé. La dernière fois que je suis venu, c´était il y a 35 ans, avec Tabarly et Colas sur Pen Duick 4. Je me souviens avec émotion de cette époque. Les coureurs américains sur leur maxi, bardés de la panoplie du parfait connard, casquette, short, couteau à la ceinture, nous prenaient pour des ploucs avec notre trimaran en aluminium. On leur a quand même mis 40 heures à l´arrivée. On s´était bien marré. Pen Duick 4, initialisé par Eric Tabarly et André Allègre, l´architecte, avait déjà toutes les qualités des multis d´aujourd´hui, ils ont été considérablement allégés, mais tout y était ».


Message du bord
« Vent capricieux, variable, irrégulier au possible. Rien de tout cela n´est bon pour les nerfs, assez loin de l´ensemble des prévisions qui, de toutes façons, ne sont pas très appétissantes.
Nuit de conte des milles et une nuit : « La lune était sereine et jouait sur les flots ». Splendide. Belle nuit de lune sur une mer croisée. Quelques grains pas trop sévères. Ici, l´air froid venu du nord fend les molécules tièdes des tropiques. L´angle au vent varie de 35 degrés, cela laisse une impression incertaine. Impossible de dire quel sera le vent dans une heure. La tension monte, il va falloir subir et se débrouiller sur cet océan d´incertitude. En hauteur, la nuée court vers l´ouest, masquant la lune par moment. Puis, la nuit lumineuse revient irréelle presque brutale après l´éclipse.
Les hommes de quart s´émerveillent à voix haute. Course fluide de Geronimo dans un monde argenté ; Cam Lewis, magnifique virtuose à la barre, relance sans cesse la course du bateau. Elégance et précision du geste, anticipation de la vague, glisse extraordinaire dans ce monde de bosses mobiles Assis avec Didier Ragot dans le cockpit on oublie la stratégie, le stress, envahis par le bonheur de naviguer, on déconne sous la lune. Souvenirs, fou rires, tout s´emmêle. Cette nuit, la mer est à nous ».

Temps de référence : 5 jours 9 heures 18 minutes 26 secondes par Bruno Peyron en 1997.

Un sacré bonhomme qd même....

Il a jamais gagné grand chose comme courses, en faisant le choix de Geronimo il n'a pas aujourd'hui fait la preuve qu'un tri peut être plus performant qu'un cata sur un Jules Verne, mais il est le dernier d'une génération magique..... 

Ouaip, ça donnerait presque envie d'y être !!! : Je veux dire que ce qu'ils semblent vivre là-bas pourrait sans doute contrebalancer favorablement le caractère "particulier" de Kersauson...
Magique, tu disais, Thierry... J'aurais presque envie d'en rajouter en disant onirique... :o

Fréd.

En tout cas voilà un record qui tombe dans l'escarcelle de Kersauson. Il enfonce le vieux record de Peyron de près d'une demi journée, ce qui est beaucoup sur un parcours aussi court.

Et ce gentilhomme des mers du sud, un peu pirate, un peu corsaire est actuellement en train de tenter le record de la traversée du pacifique dans l'autre sens. Les choses sont plutôt pas mal engagées avec quelques temps de références déjà décrochés. Il arrivera au Japon à l'issue de cette traversée qui emprunte le parcours de la transpacifique que Tabarly avait magistralement gagné dans les années 60 sur le révolutionnaire Pen Duick V. Mais que fait Kersauson depuis 6 mois si ce n'est de poursuivre le fantome de Tabarly et de revivre les heures heureuses qu'ils avaient vécu ensemble sur le Pen Duick IV juste avant de préparer le V Le record est actuellement détenu par un autre indien, Lakota, qui était le premier multicoque de Fosset et l'ancien Pierre 1er de Florence Arthaud. Et après le Japon quel record pour Kersauson ?

14J 17h pas mal pour une transpac' (près 5 jours de moins que Lakota).

Kersauson est reparti dans l'autre sens pour tenter de battre le record de la traversée du Pacifique détenu par Peyron...
Mine de rien, après un démarrage forcément trop tardif et poussif, l'amiral aligne les records et les milles. Dommage que le bateau soit un peu dépassé...

Il s'attaque aux records vieux de 10 ans ! Quand le verra-t-on s'aligner sur la Traversée de l'Atlantique ou sur le JV ?... ???

Il s'attaque aux records vieux de 10 ans ! Quand le verra-t-on s'aligner sur la Traversée de l'Atlantique ou sur le JV ?... ???

Il n'est pas assez fou pour s'aligner sur des records hors de portée de Geronimo... Le concept du départ était d'engranger un maximum de records de part le monde (avec les records de ces derniers mois, malgré l'absence de Jules Verne, Kersauson sauve les meubles). Il a en effet loupé le Jules Vernes l'année où il était prennable avant que Orange n'arrive. Le record de l'Atlantique est difficilement attaquable également pour Géronimo contrairement à Orange qui a intérêt à essayer de le battre avant que la nouvelle génération de G Class n'arrive. La gestion d'un programme de record implique de maîtriser "le temps technologique" et d'arriver avec un bateau qui pourra être le plus performant le plus longtemps possible avant que la concurrence ne parvienne à mâturité

Il n'est pas assez fou pour s'aligner sur des records hors de portée de Geronimo... Le concept du départ était d'engranger un maximum de records de part le monde (avec les records de ces derniers mois, malgré l'absence de Jules Verne, Kersauson sauve les meubles).

==> Je suis d'accord. Mais cela enlève quand même beaucoup à la valeur de ses records. Après il peut inventer tous les parcours possible et immagineable, ça en fera des lignes à son palmarès ; mais quelle crédibilité ? Vous me direz, il en a très probablement rien à faire de sa crédibilité

C'est pour ça qu'on l'aime:

Lettre au vent écrite par Kersau, à 400 milles de l'arrivée à SF.....



«Et si vous ne reveniez jamais, qu'il vous prenait l'envie comme cela, sans même dire au revoir, las que vous devez être de balayer la crasse des villes, de disperser les fumées empoisonnées des usines, de secouer des fils électriques et des panneaux de signalisation, pour vous retrouver quelques mètres plus loin à tourbillonner dans l'odeur pestilentielle des décharges sans compter que vous vous déchirez les rafales sur les milliers d'antennes et de câbles dont les villes sont hérissées. Il n'y a pas si longtemps c'était magnifique d'être le vent ; vous apportiez des senteurs selon les saisons, effeuilliez des roses, courbiez des blés, faisiez faire des loopings aux oiseaux, arrachiez les feuilles mortes, séchiez le linge, c'est vous aussi qui faisiez grincer les girouettes, cl aquer les oriflammes des champs de batailles et dans certains pays tourner des moulins. Certains jours, plus polisson, vous emportiez les chapeaux et souleviez les jupes mais surtout pendant plus de deux milles ans c'est vous qui emmeniez les bateaux. Pas un voyage sur la mer sans vous, pas de Christophe Colomb, pas d Amérique, pas d'Australie, pas de Polynésie. Jusqu'à il y a cent ans, pas un grain de café, ni une lettre d'amour qui ne soient arrivés sans votre aide. Il faudrait une vie pour raconter tout ce que le vous nous avez permis de faire. Jadis tout le monde le savait et vous saviez que vous étiez utile et aimé, et en Méditerranée, berceau des civilisations, on avait coutume de dire : Quand le vent n'est pas là, c'est la galère.
Aujourd'hui les moulins tournent au nucléaire, les sèche-linges aussi, les roses poussent dans des serres en plastique, plus personne ne porte d e chapeau et les filles ont des collants sous leurs jupes et pour ce qui est des bateaux?
Mais il y a Geronimo, lui cela fait des années qu'il tourne sur toutes les mers du monde grâce à vous. Sur ce bateau, pas un seul de vos gestes ne nous échappe, et quand certains vont dormir, d'autres se réveillent pour vous suivre. Nous parlons de vous tout le temps, recherchons sans fin votre compagnie, vous faiblissez, c'est l'inquiétude, vous partez, c'est le drame, nulle part au monde vous n'êtes autant chéri, choyé, attendu.
Je vous en prie, virez moi cet anticyclone et rentrons ensemble à San Francisco
Ça nous ferait tellement plaisir. » ODK

(Source Adonnante)

Je ne savais pas qu'Olivier de Kersauson écrivait bien, aussi! Par contre, ses quelques lignes écolo, j'y crois pas trop... :

Kersauson a toujours très écrit : "Mémoires salées" était un très bon petit livre de mer... C'est aussi sa culture, sa finesse et son histoire mais aussi ses outrances qui le rendent inclassable dans le monde de la voile océanique.
Pour ce qui est de sa conscience écologique, je me refuse aux jugement hâtifs et autres procès d'intention... J'ai plutôt tendance à croire les gens sincères avant de passerleur discours à la moulinette. En l'occurence, comme beaucoup de marins, Kersauson a un côté contemplatif et qui navigue avec ce vieux mythe d'être en osmose avec l'environnement et le milieu dans lequel il vit quand il est sur l'océan. Il ne sera jamais militant écologiste, balancera ses déchêts dans l'eau (le fait-il encore ?) mais il dénoncera toujours la pollution des mers qui deviennent de plus en plus des décharges... Ceci dit, sur le tour du monde, un autre regard, il avait balancé des cassettes de Debussy et il s'est pris la tête avec Coville (?) qui ne voulait pas balancer les poubelles à l'eau lors d'un Jules Vernes. Le récalcitrant avait donc dû dormir avec les poubelles à côté pendant le tour du monde.

il s'est pris la tête avec Coville (?) qui ne voulait pas balancer les poubelles à l'eau lors d'un Jules Vernes. Le récalcitrant avait donc dû dormir avec les poubelles à côté pendant le tour du monde.

Oui, c'est ce à quoi je pensais, je ne faisais pas de procès d'intention. Si le respect de l'environnement s'arrête là où les contraintes de vitesse commencent, où est donc ce respect? D'ailleurs, je me demande : est-ce que, lors des courses, les concurrents sont obligés de garder à bord leurs déchets ou non? ??? J'espère que oui mais je n'en suis pas sûre.

S'il n'y avait en mer que les déchets des courreurs hauturiers...  : Kersauzon n'est gêné que par les déchets industriels: containers, billes de bois, dégazages, qui produisent des choses bizarres et malodorantes qui flottent pendant des semaines. Faire de l'écologie par l'exemple lui parait inutile. :-[

Kersauzon n'est gêné que par les déchets industriels: containers, billes de bois, dégazages, qui produisent des choses bizarres et malodorantes qui flottent pendant des semaines.

Et moi par les méduses qui nagent/évoluent entre 2 eaux que l'on tappe en pleine bourre au portant avec la dérive.
la réaction est toujours la même : l'équipier regarde le barreur (et inversement) en criant "kécéça?!"
Enfin bon, ce ne sont pas des dechets, il parait que ça fait partie de l'écosystème... :-X